Coins de verdure pour la pluie dans les cours d'école du Luberon
Les événements climatiques répétés de ces dernières années (fortes canicules, sécheresses, pluies intenses…) nous amènent à nous questionner sur les choix en matière d’aménagement des villes et villages et sur l’attractivité résidentielle et touristique du territoire, s’agissant notamment de la qualité du cadre de vie, de la santé, ou encore de la disponibilité de la ressource en eau…
Les cours d’école en particulier constituent des espaces très sensibles au phénomène d’îlots de chaleur. Ces microclimats artificiels sont engendrés par les sols des cours d’école, qui sont souvent bitumés, sombres, et qui donc absorbent la chaleur pour la restituer tout au long de la journée. Dans un contexte de changement climatique, il est important de prendre en compte ce phénomène et ses répercussions sanitaires.
Avec l’accentuation des phénomènes extrêmes en cas de pluie, l’imperméabilisation des sols des cours d’école a également un impact sur le cycle de l’eau : infiltration empêchée, ruissellement intense des eaux, risques de pollution, crues et saturation des réseaux.
En 2020, le Parc naturel régional du Luberon a relayé auprès des communes de son territoire l’appel à projets « Un coin de verdure pour la pluie » lancé par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
L’objectif : désimperméabiliser et végétaliser les cours d’école pour gérer les eaux pluviales, remettre l’eau au cœur de la ville et anticiper le changement climatique.
14 communes, représentant une vingtaine de cours d'école, ont d’emblée manifesté leur intérêt pour cette action. Face à l’engouement des élus locaux pour désimperméabiliser les sols et végétaliser les cours d’école, le Parc du Luberon a sollicité l’Agence de l’eau pour financer l’accompagnement technique et administratif de ces communes volontaires.
Description/objectifs
Le Parc naturel régional du Luberon porte le projet et a coordonné la phase 1 de l’opération. Cette première phase a permis de réaliser l’étude préalable de faisabilité et la concertation avec la communauté éducative (enseignants, animateurs/éducateurs), les services techniques de la commune, les parents d'élèves, les élèves.
Pour réaliser cette première phase estimée à 100 000 € pour les 20 écoles, une aide financière avoisinant 74 000 € a été accordée par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et une participation globale des communes à hauteur d’environ 10 % a été demandée, ce qui a notamment permis de missionner et coordonner le bureau d’études Ophrys-Cereg, à l’échelle de l’ensemble du groupement.
Engageant son ingénierie, le Parc du Luberon a ainsi accompagné les communes en se rendant sur place pour des premiers diagnostics, en organisant la concertation des différents acteurs (fourniture d’un kit de concertation), en les informant par des webinaires présentant des retours d’expériences et de bonnes pratiques sur d’autres territoires, en coordonnant le bureau d’études et en mettant en réseau les projets. Il a notamment bénéficié sur ce point de l’expertise et de retours d’expériences du Cerema.
Enfin, les communes ont reçu un appui technique et administratif du Parc pour le montage financier de leur opération, ainsi qu’un accompagnement sur le volet communication et pédagogie du projet, pour une totale appropriation par l’ensemble des acteurs et, plus globalement, des habitants et élus du territoire.
La deuxième phase du projet consiste, pour chaque commune Maitre d’ouvrage, à solliciter auprès de l’Agence de l’eau une aide financière pour la réalisation d’études techniques complémentaires et pour la réalisation des travaux. Les premiers projets de réaménagement de cour seront mis en œuvre dès l’été 2022, pour s'étaler jusqu'en 2023 sur certaines communes. Ce sont ainsi 20 écoles pionnières dans le Luberon qui, étape par étape, devraient voir leurs cours désimperméabilisées et végétalisées.
Le parc du Luberon veille, quant à lui, à la bonne appropriation du projet par les équipes éducatives et les élèves :
- communication (diaporama, affichage, réunion, mots d'information, gazette de la commune...),
- désignation de classes ambassadrices,
- formation des enseignants,
- interventions dans les classes,
- distribution de kits pédagogiques dans les écoles concernées...
Résultats attendus ou observés
Désimperméabiliser une cour d’école consiste à déconnecter les eaux pluviales des réseaux et les faire s’infiltrer via un espace végétalisé. Cela permet de gérer les eaux pluviales à la source, de maintenir la biodiversité et la nature en ville, et de lutter contre les îlots de chaleur urbains.
Pour les communes du Luberon, le projet « Coins de verdure pour la pluie » est une vraie opportunité technique et financière pour :
- expérimenter à petite échelle ce qui pourrait être reproduit ailleurs dans l’espace public (parkings, places, bords de routes…) ;
- s’en servir de support pédagogique autour des bénéfices envisagés : meilleure gestion des eaux pluviales, amélioration de la qualité des eaux, garantie du confort thermique pour les élèves, création de lieux végétalisés, accueillants et résilients face aux épisodes de plus en plus fréquents de canicule.
Repenser l’aménagement des cours d'école, c’est aussi mettre les enfants au cœur du projet. Dès l’instant où le bien-être des enfants est remis au cœur des préoccupations, la cour d’école redevient un espace de vie et d’apprentissage, dans lequel les enfants sont plus sereins, coopératifs et concentrés.
- C’est favoriser la réussite des élèves
C’est dans la cour de l’école qu’ils sociabilisent, qu’ils bougent, qu’ils jouent. Sans même s’en rendre compte, à la récréation, ils se détendent, communiquent et reviennent en classe plus disposés pour les apprentissages.
> L’aménagement de la cour doit être pensé de manière à favoriser le jeu, donner le goût de bouger, mais aussi procurer des espaces de détente.
- C’est offrir des espaces de fraîcheur durant les périodes chaudes
Avec des étés de plus en plus précoces et caniculaires, et des pluies rares mais intenses, la chaleur dans les bâtiments scolaires est souvent difficile à supporter dès le mois de juin.
> Le réaménagement de la cour doit permettre à tous de trouver un lieu agréable, aéré, où la végétalisation apporte ombrage et fraîcheur.
- C’est permettre le contact avec la nature
Aller dehors, respirer, observer, toucher, en toute saison, est source d’apprentissages multiples, essentiels pour le bon développement et la santé des enfants. Les études sont unanimes : les cours végétalisées et diversifiées favorisent le bon climat scolaire et réduit les violences !
> Vivantes, apaisantes, éducatives et esthétiques, les cours d’école deviennent sources d’apprentissage et d’éducation à l’environnement et à la citoyenneté.
Facteurs de réussite
- s'inspirer des retours d'expérience d'autres collectivité
- sensibiliser les élus locaux à la question de la lutte contre le changement climatique, la désimperméabilisation, la nature en ville
- prendre le temps de la concertation, de l'écoute des différents acteurs
- désigner un coordinateur du projet et des référents par type d'acteurs : création d'un "groupe projet"
- veiller à la bonne appropriation du projet (phase pédagogique)
Les communes
Les élèves
La communauté éducatives
Indicateurs de réussite :
- Nombre de cours réaménagées
- Nombre de classes ambassadrices du projet
- Nombre d'enseignants inscrits sur les formations
Signature d'une convention entre les communes et le Parc pour les modalités d'accompagnement
Concertation et mise en réseau organisées par le Parc du Luberon auprès des communes
Désignation d'un comité de pilotage et d'un "groupe projet" sur chaque opération
Accompagnement sur la phase technique par un bureau d'études spécialisé "Paysagiste et hydraulique" (titulaire du marché public lancé par le PNR du Luberon)
Montage administratif des dossiers auprès de l'Agence de l'eau RMC