Air, bruit et confinement

 

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"Air, bruit
et confinement"

 

 
Les transports constituent une part importante des émissions de polluants atmosphériques et des émissions sonores.
La mise en place du confinement permet de mettre en visibilité leur représentativité.

 

Depuis la mise en œuvre des mesures de confinement du 17 mars 2020 liées à la crise sanitaire du COVID-19, les diminutions drastiques du trafic routier et des activités enregistrées en France ont des impacts remarquables sur les niveaux de pollution de l’air et les niveaux de bruit.

Les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air et les observatoires du bruit fournissent des informations qui permettent de visualiser et comprendre ces impacts. Sur la qualité de l’air des impacts positifs sont notables, mais, pour autant, celle-ci ne peut pas être qualifiée de bonne partout et tout le temps en cette période, car d’autres sources d’émissions polluantes perdurent. Pour le bruit, l'amélioration est généralisée même si de nouvelles sources peuvent localement émerger et modifier l'environnement sonore.

Quartier résidentiel en situation de confinement

Qualité de l'air et bruit sont observés en continu

Les niveaux de pollution de l’air sont surveillés en permanence partout en France par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Ces associations sont ancrées territorialement et elles agissent, missionnées par l’État, au sein du dispositif national de surveillance de la qualité de l’air ambiant.

Chaque AASQA régionale gère un réseau de mesures et réalise des modélisations, sur un large panel de polluants réglementés (particules, oxydes d’azote et de soufre, ozone, ...). Leurs plate-formes Internet informent quotidiennement sur la qualité de l’air observée et proposent également des prévisions à court terme..

Une demi-douzaine d'observatoires métrologiques de l’environnement sonore existent actuellement en France. Issus d'une démarche volontariste des agglomérations, ils permettent à partir d'un parc de capteurs fixes (ou mobiles) de mesurer en permanence les niveaux de bruit ambiant.

Ce recueil d'informations permet d'objectiver les différentes situations rencontrées (à proximité directe des sources ou en ambiance de fond), de suivre les évolutions sur des périodes ponctuelles (effets d'actions locales mises en œuvre par la collectivité) ou sur le plus long terme et de fournir à la population une information claire, transparente et indépendante.

Les associations BruitParif et Acoucité mettent à disposition les mesures sur leurs sites Internet  :

  • Bruitparif gère un réseau permanent de mesure de 150 capteurs environ sur l'Île-de-France dont les données peuvent être consultées en ligne via différentes plates-formes (la plate-forme Rumeur mais aussi des observatoires thématiques spécifiques)
  • Acoucité et ses partenaires gèrent une soixantaine de stations de mesures permanentes ou mobiles. Ils mettent en ligne les informations sur Grand Lyon La Métropole, Grenoble Alpes Métropole, Saint-Étienne Métropole et Métropole Aix Marseille Provence.

Ces associations publient en ligne des rapports détaillés dédiés aux effets du confinement.

 

Quand les émissions de polluants atmosphériques et de bruit
dues au trafic diminuent exceptionnellement

Les émissions d’oxydes d’azote, polluants majoritairement émis par la circulation routière, diminuent très nettement avec le confinement ; leurs concentrations dans l’air ambiant aussi. La diminution des concentrations observée peut atteindre 80 % en proximité de trafic, de 35 à 70 % en zone urbaine.

La pollution par les particules fines et très fines, quant à elle, ne présente pas d’amélioration nette. Fin mars, certaines AASQA ont même fait état d’épisodes de pollution printanière aux particules. En effet, la source d’émission principale des particules est le chauffage, à laquelle viennent s’ajouter en cette période de printemps les activités agricoles (épandage d’engrais azotés générant des émissions de nitrates d’ammonium et d’ammoniac à l’origine de la formation de particules secondaires) et des imports d’autres territoires parfois plus lointains. La situation météorologique était par ailleurs favorable aux réactions chimiques dans l’atmosphère (vent faible et augmentation des températures).

Retrouvez le communiqué de presse d'Atmo France

Bruit

Depuis le 17 mars 2020, les tendances sont très cohérentes sur les différents territoires instrumentés. Si nous comparons avec des journées similaires avant le confinement, nous constatons  :

Pour le bruit routier :

  • une baisse progressive des niveaux Lden mesurés dès la première semaine de confinement et progressive ; en moyenne de l'ordre de -3dB(A) le mardi, -5dB(A) du mercredi au vendredi et -7dB(A) le premier week-end
  • une baisse plus importante sur la période nocturne de l'ordre de -9dB(A)
  • une confirmation des baisses sur les semaines suivantes, mais une tendance à la remontée des niveaux depuis la sixième semaine
  • une baisse plus importante sur les voiries urbaines (en moyenne -8dB(A) en Lden) que sur les grands axes de transit (périphériques, rocades) avec un différentiel de l'ordre de 2dB(A)

Pour le bruit ferroviaire :

  • La baisse liée à la diminution des circulations ferroviaires (chute de l'activité économique et réduction des cadencements) s'est nettement renforcée au fur et à mesure de l'avancée du confinement avec une baisse moyenne stabilisée autour de - 6dB(A)

Pour le bruit lié au trafic aérien :

  • Les baisses constatées qui peuvent atteindre 30 dB(A) dans certains cas dépendent du fonctionnement des différents aéroports, certains ayant quasiment fermé (exemple de l’aéroport de Paris-Orly depuis le 1er avril), d’autres ayant réduit considérablement le trafic (utilisation unique du doublet Nord à Paris-CDG avec diminution du trafic, fortes réductions du trafic sur les autres plates-formes aéroportuaires en Île-de-France).

Pour le bruit lié à la vie locale en ville :

  • Dans les secteurs à l'écart des sources de transports, des diminutions très importantes des niveaux sonores ont pu être observées : -12 dB(A) sur la place Bellecour à Lyon, jusqu’à -20 dB(A) sur le créneau 22h-2h les soirs de week-end dans certains quartiers habituellement animés de Paris, et des baisses de -20 dB(A) également en journée suite à l’arrêt de certains grands chantiers.

En termes d’exposition

L’exposition individuelle à la pollution ou au bruit n’est pas liée uniquement à la qualité de l’environnement, mais aussi à la manière dont chacun s’y confronte. Cette exposition dépend donc du lieu où chacun se trouve.

Ainsi, pour les habitations proches de grands axes routiers, l’exposition des habitants est très liée au trafic routier, ainsi la forte chute des polluants et du bruit provenant du trafic a de facto réduit leur exposition. Le confinement a aussi eu pour effet de limiter l’exposition de celles et ceux qui n’utilisent plus leur voiture, car, dans l’habitacle d’une voiture, les automobilistes sont en moyenne exposés à la pollution de l’air 3 fois plus que sur un trottoir par exemple.

Les mesures de niveaux sonores fournissent directement des informations sur l'exposition au bruit des populations. Si habituellement, une majorité de la population modifie son exposition tout au long de la journée selon les lieux qu'elle fréquente ou les moyens de transports qu'elle utilise, en période de confinement l'exposition se révèle beaucoup plus stable sur la durée.

Quand les sources des transports se taisent, d'autres sources (ré-)apparaissent

Confiné, pas calfeutré. Pour une bonne qualité de l’air intérieur.


Le confinement impose de rester chez soi, or, l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur. Ainsi, il est important de renouveler l’air de son logement pour réduire la concentration de polluant.

Les bons gestes pour améliorer son air intérieur

 

La forte baisse des niveaux d'exposition sonore s'accompagne d'une profonde modification de l'environnement sonore. Des sons peu perceptibles habituellement, masqués par les sources liées aux transports et à l'activité humaine, émergent à l'image des chants d'oiseaux, des cloches ou encore des fontaines. Ces indices de douceur que beaucoup d'entre nous peuvent percevoir en ouvrant leurs fenêtres nous apportent une dose de bien-être dans les difficultés du moment.

Parallèlement durant le confinement, les activités humaines évoluent et certaines habituellement cantonnées aux espaces intérieurs peuvent se déplacer à l'extérieur, avec pour but la création de nouveaux liens sociaux (activités sportives collectives dans les rues, partage de musique au balcon, apéritif balcon,...) ; certaines stations de mesures de BruitParif identifient clairement sur ses enregistrements à 20h les applaudissements quotidiens en faveur des soignants et des travailleurs mobilisés.


Dans ce nouveau contexte, si différents médias (en France ou à l'étranger) font état d'une augmentation des plaintes pour bruit de voisinage (qui tendraient à basculer du tapage nocturne au tapage diurne), une enquête IFOP / Consolab réalisée après 2 semaines de confinement fait état d'une stabilisation de la gêne pour 68%, une diminution pour 21% et une augmentation pour seulement 11% des sondés.

Photo d'un merle dans un arbre

Chacun peut contribuer à une meilleure connaissance de notre environnement

Une personne tiens un portable sur un balcon en ville

La situation actuelle constitue pour les spécialistes une occasion unique de quantifier les effets des activités humaines sur la qualité de l’air et le bruit ambiant.

Concernant la pollution de l’air, certains observatoires citoyens existent et renseignent sur la situation actuelle. C’est le cas par exemple, de collectifs de citoyens dans la vallée de l’Arve (article d’Atmo Auvergne Rhône Alpes).

Concernant le bruit, en dehors des observatoires automatiques, les professionnels n'ayant guère la possibilité de réaliser en ce moment des mesures, chaque citoyen peut devenir acteur de la connaissance de notre environnement sonore.

  • Acoucité a mis en ligne une enquête pour connaître notre perception de l'environnement sonore durant la période de confinement. Elle est accessible en ligne et concerne n'importe quelle zone du territoire
  • BruitParif a mis en ligne une enquête similaire pour les franciliens
  • De manière plus permanente, le CNRS et l'IFSTTAR ont développé une application mobile sur smartphone pour aider les scientifiques à cartographier l'environnement sonore ; « Noise Capture » permet de mesurer les niveaux de bruit lors des déplacements de l'utilisateur, de les transmettre et de les capitaliser sur une plate-forme partagée. Actuellement la communauté se compose de plus de 30 000 contributeurs, vous pouvez la rejoindre...

Les observatoires poursuivront leurs suivis des niveaux de bruits et des concentrations de polluants pendant la phase de déconfinement et après. Il sera alors intéressant d'analyser leurs évolutions en fonction de la reprise progressive des activités.

 

Pour aller plus loin :