Lutte biologique contre le moustique tigre
La modification du climat favorise la prolifération du moustique tigre (aedes albopictus): l'augmentation des températures étend l'aire de vie du moustique mais surtout accélère son cycle de développement (plus la température augmente, plus le moustique devient adulte rapidement). La femelle de cette espèce pique de jour (surtout à l'aube et au crépuscule), peut transmettre plus de 20 virus (dont dengue, chikungunya, Zika) et pond ses larves dans très peu d'eau (jusqu'à 1 cm) stagnante (+ de 5 jours).
Le moustique tigre est arrivé à Saint-Martin-d'Hères en 2012. Depuis la ville est adhérente à un établissement public départemental en charge de la lutte contre le moustique tigre, et agit contre la prolifération du moustique: traitement biologique contre les larves et campagne de sensibilisation auprès des habitants pour la gestion de leurs espaces extérieurs.
En 2018, la ville a souhaité compléter ces mesures avec une solution fondée sur la nature: restaurer les interactions entre les espèces et favoriser les prédateurs insectivores en cœur de ville (bergeronnette; mésange charbonnière, bleue, à longue queue; rougequeue noir; chauves souris...). Les services communaux d'hygiène/santé et environnement ont ainsi monté une action conjointe.
Description/objectifs
Au printemps 2018, Saint-Martin-d'Hères a mandaté la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) pour la réalisation d'une étude faunistique sur la ville: 20 points d’écoute ont été répartis en coeur de ville. Plusieurs passages de 10 minutes d’écoute ont été réalisés par la LPO au printemps pour les oiseaux nicheurs et à l’automne pour les chiroptères (avec détecteur d'ultrasons). 35 espèces d’oiseaux et 8 espèces de chauve-souris ont été observées sur les 20 points d’écoute.
Entre février 2019 et décembre 2020, la ville a posé 110 nichoirs à oiseaux de plusieurs types (différents trous d'envol, semi-cavernicole, avec ou sans protection petits carnassiers) et à chauve-souris. La cartographie des observations des oiseaux de la LPO, superposée à celle de la présence du moustique tigre, a permis d'identifier les espaces publis propices à l'installation de nichoirs (squares, parcs, places...). La pose a été réalisée par le service communal des Espaces Verts accompagné de la LPO qui a définit les paramètres de pose de chaque nichoir (hauteur, orientation, localisation).
La suite du travail va consister à mettre en place un programme de maintenance de ces petits équipements et un suivi de la fréquentation (en cours de montage avec les bénévoles de la LPO).
Résultats attendus ou observés
- Un bilan d'occupation des nichoirs sera mis en place 2 ou 3 ans après l'opération de pose (le temps que les oiseaux identifient les nouveaux "gîtes"), le taux d'occupation des 110 nichoirs donnera des premiers éléments d'analyse.
- Une étude faunistique sur les 20 points d'écoute étudiés en 2018 est envisagée 2 à 3 ans après l'opération de pose pour quantifier l'évolution des populations d'oiseaux avant et après opération.
- Des résultats directs sur la présence du moustique tigre seront toutefois complexe à évaluer: énormément de paramètres entrent en jeu sur la présence du moustique à un endroit donné (conditions climatiques, comportements des habitants riverains...).
La ville a conscience que cette démarche ne fera pas disparaitre le moustique tigre, toutefois, elle permet d’expérimenter une réponse complémentaire aux actions de lutte contre le moustique tigre tout en utilisant la biodiversité urbaine comme levier d’action.
Facteurs de réussite
- Une volonté politique de renforcer la biodiversité urbaine
- Des compétences en interne à la ville sur tous les volets du projet: Environnement (biodiversité), Hygiène/Santé (lutte contre le moustique tigre), Espaces Verts (travaux acrobatiques)
- Une bonne transversalité en interne entre les services
- Un partenariat fort entre la ville et les bénévoles de la Ligue pour la Protection des Oiseaux.
Rattachement du projet à un plan/programme
L'ensemble des habitants de la ville de Saint-Martin-d'Hères subissent la présence du moustique tigre depuis 2012, avec des intensités variables suivant les quartiers. C'est pourquoi l'opération de pose des nichoirs a intégré le périmètre entier de la zone urbaine de la ville.
Évaluation à réaliser de 2 à 3 ans après l'opération de pose
Pilotage par les services de la ville (services Hygiène/Santé et Environnement) avec en appui le service Espaces Verts pour la pose et les travaux acrobatiques
Caractéristiques
